Sur un plateau de tournage, un figurant n’est pas là pour simplement meubler l’image. Il est l’un des éléments, tout comme les comédien(ne)s, le décor ou les effets spéciaux pour lui donner vie et avant tout rendre la scène crédible. Il s’agit d’une reconstitution de la réalité, à laquelle le spectateur doit croire naturellement. La pire angoisse d’un réalisateur est qu’un défaut technique ou de l’interprétation distrait l’attention du public de l’histoire, dans laquelle il est plongé, lui rappelant que l’image qu’il regarde a été fabriquée. L’espace d’un instant, la magie cesse d’opérer.
Pour réussir sa figuration, il faut être attentif aux consignes données par l’équipe de réalisation. Celle-ci se concentre sur le champ de vision de la caméra. Ce qui lui importe est ce que montre l’objectif. Être dans le cadre ou pas fait toute la différence. Les comédien(ne)s ont constamment à l’esprit des repères en tête ou dans le décor pour savoir comment apparaître devant la caméra. Des marques sont souvent collées sur le sol, notamment pour les débuts de mouvement des interprètes. Ils poursuivent leur déplacement, après la fin prévue de l’action, pour s’assurer qu’ils sont bien sortis du champ.
L’erreur à éviter peut-être celle commise par un figurant, dans Dix bonnes raisons de te larguer (1999) de Gil Junger. Lors d’une scène d’extérieur, il était censé partir en courant chercher de l’aide. Pensant être sorti du champ, il s’arrête de courir et se retourne un peu plus loin, alors qu’il est encore visible en arrière-plan. Son action perd tout crédibilité.
Un(e) figurant(e) doit se concentrer, comme tout interprète, sur le personnage incarné à l’écran. Qu’on soit un simple passant, un spectateur dans les gradins ou un soldat, on doit penser et agir comme lui et ne penser qu’à cela. Tout en gardant à l’esprit ses repères par rapport aux autres et au champ de la caméra.
Rire pendant une scène dramatique, par exemple, pose évidemment problème. Lors de la fameuse attaque de la plage, dans Les dents de la mer (1975) de Steven Spielberg, une foule de figurant(e)s se précipite pour sortir leurs enfants de l’eau, sauf que l’un d’eux a l’air franchement hilare. Heureusement que son apparition est fugitive.
Une gaffe célèbre de figurant est celle d’un agent de voirie, qui balaye dans le vide, son balai nettement au-dessus du sol, dans Quantum of solace (2008) de Marc Forster. Le problème est qu’il apparaît juste derrière Daniel Craig. Son « jeu » a fait hurler de rire sur Internet.
S’appliquer dans sa figuration en restant concentré et convaincant, même pour un court passage, peut éventuellement aider à être recontacté pour un autre tournage.
Il faut éviter d’anticiper la fin de l’action, qui va être tournée et bien connue de tous, après plusieurs répétitions, avant de lancer la caméra
Comme dans une scène d’intérieur de La mort aux trousses (1959) d’Alfred Hitchcock, où un jeune garçon se bouche les oreilles, en arrière-plan, avant qu’un coup de feu n’éclate.
Il ne faut jamais regarder vers la caméra, même un regard fugitif. Le spectateur, qui le remarquerait, risque instinctivement de se demander pourquoi vous le regardez. Il se rappellera instantanément que c’est une caméra qui tourne, risquant ainsi de se détacher de l’histoire qu’il était en train de suivre.
Ainsi, dans une scène de foule pour Taxi driver (1976) de Martin Scorsese, un figurant fait un signe du bras insistant en fixant la caméra pour se faire remarquer. Il n’a probablement jamais été rappelé.
@F.Ribaudo