Violences sexuelles dans le milieu sportif, le film « SLALOM » brise le tabou
Prévue le 4 novembre, la sortie du film « SLALOM » est décalée à Décembre suite à la fermeture des salles de cinéma, Charlène Favier, sa réalisatrice, est prête à défendre et à débattre autour de cette histoire de résilience, celle d’une fille battante à la recherche de son identité, tombée sous l’emprise de son entraineur mais qui à force d’abnégation va se relever et trouver sa liberté.
Elle a pu constater, lors des premières projections, l’impact du film sur le public. Les retours ont été nombreux, diverses associations, et la ministre des sports Roxana Maracineanu ont vu la production qui servira de support pédagogique et permettra de briser L’omerta. Après être entrée à l’atelier Scénario de la Femis en 2014, de par mon désir d’écriture, j’ai puisé en moi pour trouver les éléments nécessaires à ce premier film. Après avoir réalisé quelques courts métrages, je désirais à travers ce scénario filmer la montagne ou j’ai grandi, Val D’Isère et son décor cinégenique. Le ski qui fait partie de mon quotidien, puis les violences sexuelles dans le sport, la relation entraineur-entrainé, se sont imposées.
J’ai ressenti le besoin de dénoncer et de libérer la parole dans « SLALOM » mélange d’éléments personnels et de fiction tourné dans cette région ou j’ai vécu. L’arrivée de Meetoo en 2017, et ayant en ce qui me concerne grandi dans le milieu du sport, je savais que ça existait. Ce mouvement m’a redonné force et courage, ça valait le coup de se battre afin de raconter quelque chose d’important.
J’ai voulu à travers ce film embarquer le spectateur dans un univers particulier. Un voyage intime, sensoriel, une expérience, une plongée dans le monde mental de l’héroïne. Cette histoire universelle s’adresse à tous cinéphiles, non cinéphiles aux sportifs et non sportifs. Les scènes de viol sont tournées selon le ressenti de Liz et de ses sensations, en aucun cas choquantes mais laissant ressurgir son malaise afin que l’on puisse s’identifier à ce qu’elle vit. » SLALOM » transmet un message de force, de courage, d’espoir et de liberté. Ne faisant pas seulement de l’héroÏne une victime mais également une femme qui se libère.
Gwénola Gabellec – « parlez- moi de Noëe Abita qui interprète Liz »
Charlène Favier – « on s’est rencontré sur un court métrage (Odol Gonni) et ce fut un réel coup de foudre artistique, amical. Elle a adhéré au projet car c´est une thématique qui lui parle. De cette rencontre est née une symbiose. »
Gwénola Gabellec – « et de Jéremie Renier dans le rôle de Fred »
Charlène Favier – « Il a accepté d’emblée, il lui tenait à cœur de porter ce message lui aussi, malgré la complexité du rôle qu’il devait interpréter. Si difficile à défendre pour un homme et pour un comédien. Ce qui l’a séduit dans ce rôle ce sont les nuances que j’ai mises dans ce personnage. La combinaison du serial abuseur qui est malgré tout un homme aves ses failles également rongé par la culpabilité de cette erreur inqualifiable qu’il a commise. »
Nous disposions d’une durée de tournage très courte ou chaque jour durant ces cinq semaines intenses était une bataille dans le froid et la neige.
La beauté des paysages enneigés apporte un incontestable plus à la réalisation.
Cette histoire qui se déroule dans le monde du ski aurait pu se passer dans n’importe quel sport, n’importe quelle activité, la musique ou le théâtre.
En effet dès qu’une relation fusionnelle se crée entre un adulte et un adolescent, si l’éducateur prend la place des parents et devient le référent total, le risque est grand. Cette emprise dans le sport est souvent liée à l’intimité qui est brisée dans les vestiaires, et dans ce corps qu’on ambitionne devenir un outil de performance.
Très longtemps on a fermé les yeux car l’on ne savait pas en parler. Meetoo à crée une brèche qui reste à explorer. Ce film est un voyage intime, une prise de conscience, une réalité qui doit nous permettre de ne pas détourner les yeux ou faire comme si ça n’existait pas.