De première Miss France à actrice, le destin brisé d' »Agnès »
La première élection des Miss France a lieu en 1920. Originaire d’Espelette au Pays Basque, la jeune Agnès Souret est couronnée et envisage désormais de se tourner vers une carrière au cinéma.
Pour celle qui remporte, il y a 100 ans de cela, le premier concours, on est à cette époque, bien loin d’un américanisme criard. Agnès Souret, née à Bayonne d’un père Breton et d’une mère Basque, poste depuis Espelette, une photo d’elle dans sa tenue de communiante afin de concourir au titre de plus belle femme de France. « Je n’ai que 17 ans. Dites-moi si je dois traverser la France pour courir ma chance » note elle derrière le cliché qu’elle destine à l’équipe de Maurice de Waleffe, journaliste à l’initiative de ce concours relayé dans tous les cinémas de France et pour lequel 2 000 inscriptions ont été recensées.
De l’aveu de Maurice De Waleffe, « L’intérêt d’un tel concours est double, d’abord en mettant la splendeur physique en valeur en même temps que la force à se montrer. Ensuite, le choix de la majorité indiquera le type instinctif d’une nation. »
Son mètre 68, ses yeux bruns, ses cheveux châtains, cette beauté dans le regard vont faire la différence, pour celle qui rêve de devenir actrice. Cette victoire lui permet de s’immiscer dans les milieux Parisiens où son humilité contraste. Hervé Lauwick, dans les colonnes du Figaro la décrit ainsi : « Le ciel lui a donné une beauté éblouissante, infiniment de bonté et de sagesse et un heureux caractère ».
La jeune Agnès est enfin choisie pour tourner son premier film qui se déroule au cœur du somptueux édifice du Mont Saint Michel. « Le Lys Du Mont Saint Michel » tiré du Roman (rêve d’amour) de T. Trilby, homonyme de la Femme de Lettres Thérèse de Marnyhac(1875-1962).
Ce même Hervé Lauwick subjugué par la jeune femme d’ajouter : « elle faisait gentiment pitié, pauvre colombe jetée parmi les vautours avides. Le metteur en scène avait entre les mains une merveille de photogénie. Il ne sut rien en tirer. »
Sa carrière ne prenant pas l’envol escompté, Agnès se tourne alors vers la danse sur les traces de sa maman, danseuse de Music-hall. Au cours d’un voyage pour une tournée de deux mois en Argentine, elle décède le 14 août 1928 d’une péritonite à Buenos Aires.
Marguerite, sa maman, décide de vendre la somptueuse propriété d’Espelette ainsi que le terrain qui l’entoure afin de financer le rapatriement du corps, et de faire ériger en sa mémoire, un gigantesque monument funéraire au pied de l’église de la Paroisse. « A ma fille douce et jolie, Elle fut une petite Rose sans épines, elle n’était pas née pour Paris, Elle est repartie directement au Paradis. » écrivait-elle. Marguerite mourra à Espelette, sans le sou, logée par une personne de la commune.
La tombe, d’un style art déco atypique, vient récemment d’être classée monument historique. Et la commune doit prochainement engager des travaux de rénovation.