Cinéma | Critiques
The Conjuring: Last Rites — un dernier frisson pour les Warren

La saga horrifique la plus célèbre de la dernière décennie revient en salles avec The Conjuring: Last Rites. Présenté comme le dernier chapitre consacré aux époux Warren, le film, sorti début septembre 2025, suscite déjà débats et comparaisons.

Un retour très attendu

Depuis 2013, la franchise Conjuring s’est imposée comme une référence moderne du cinéma d’épouvante, multipliant suites, spin-off et un véritable “Conjuring-verse” qui a marqué toute une génération de spectateurs. Ce nouvel épisode, réalisé par Michael Chaves, s’annonce comme une conclusion : Vera Farmiga et Patrick Wilson reprennent leurs rôles d’Ed et Lorraine Warren, confrontés cette fois à l’une des affaires les plus troubles de leur carrière, inspirée du fameux “Smurl haunting” en Pennsylvanie.

Le film s’inscrit dans une logique de clôture : “dernier rite” pour les Warren, mais pas forcément pour la franchise, qui devrait continuer sa route du côté des séries télévisées. La production promettait une ultime enquête où l’horreur se mêle davantage à l’émotion, en resserrant l’histoire autour du couple mythique. De quoi donner à ce volet une dimension presque testamentaire.

Les premiers retours critiques confirment cette dualité. Beaucoup saluent la performance du duo central, jugée plus intense que jamais, ainsi que certaines séquences de terreur d’une efficacité redoutable. D’autres reprochent cependant une intrigue trop balisée et des effets de peur parfois convenus. Sur Rotten Tomatoes, le film se stabilise autour de 60–65 %, signe d’un accueil mitigé mais solide pour un dernier épisode d’une saga déjà culte.

Un démarrage qui rassure

Côté box-office, Last Rites s’impose sans difficulté : dès sa sortie, il signe un départ remarqué, battant plusieurs records locaux, notamment en Inde où il devance Final Destination: Bloodlines. Un indicateur fort, qui montre que, malgré l’usure d’une formule, le public reste fidèle à la marque Conjuring.

S’il fallait une raison de retourner voir The Conjuring une dernière fois, ce serait pour retrouver Vera Farmiga et Patrick Wilson. Les deux acteurs, fidèles au poste depuis le début, livrent une prestation habitée. Leur complicité à l’écran continue d’ancrer l’histoire dans une dimension émotionnelle forte, donnant au film un souffle qui dépasse le simple registre de la peur. C’est là que Michael Chaves réussit son pari : replacer le lien des Warren au cœur du récit.

Sur le plan de la mise en scène, Last Rites n’invente rien, mais exploite habilement les codes qui ont fait le succès de la franchise. Jeux d’ombre, silences étouffants, apparitions brusques : l’arsenal est connu, mais il fonctionne encore. Certaines séquences, notamment autour de la maison hantée des Smurl, parviennent à recréer cette atmosphère suffocante qui colle à la peau du spectateur. Les amateurs d’angoisse y trouveront de quoi frissonner.

Mais derrière ces qualités se cache un problème récurrent : la prévisibilité. Le film suit un schéma narratif familier, avec des rebondissements que l’on devine bien avant qu’ils ne surviennent. Les critiques pointent également un déséquilibre entre horreur et mélodrame, certains passages s’attardant trop longuement sur l’intime, au risque de casser le rythme. Plus solide que The Devil Made Me Do It (2021), certes, mais loin de la puissance glaçante des deux premiers volets, qui avaient marqué le genre par leur audace.

Présenté comme le dernier film consacré aux Warren, The Conjuring: Last Rites referme une décennie d’horreur populaire. Mais l’univers, lui, n’a sans doute pas dit son dernier mot.

Une conclusion respectable mais pas définitive

En choisissant de resserrer son intrigue autour d’Ed et Lorraine, la saga offre un adieu qui se veut intime et respectueux de ses personnages. Le film ne révolutionne pas le genre, mais il propose une fin cohérente à une histoire débutée en 2013. Pour de nombreux spectateurs, ce chapitre final ressemble à une lettre d’adieu plus qu’à un coup d’éclat : il rassure, mais ne marque pas les mémoires comme un sommet du cinéma d’horreur.

Si les Warren tirent leur révérence sur grand écran, Warner et New Line n’ont pas l’intention d’enterrer le “Conjuring-verse”. Une série dérivée est déjà en préparation pour HBO/Max, et d’autres spin-off pourraient voir le jour. L’univers reste donc ouvert, mais son avenir passera sans doute par un renouvellement des codes et une modernisation des thématiques, faute de quoi la mécanique risque de s’user encore davantage.

The Conjuring: Last Rites n’est pas le meilleur épisode de la franchise, mais il en constitue une conclusion logique. Les fans de longue date apprécieront l’émotion du dernier combat des Warren, tandis que les critiques rappelleront que la saga s’essouffle. Quoi qu’il en soit, la série reste l’une des plus influentes du cinéma d’horreur contemporain, et sa transition vers la télévision sera à surveiller de près.

@JEANO