CINEMA : « NIKITA », une réalisation éprouvante
Suite au triomphe du (Grand Bleu) deux ans auparavant, Luc Besson souhaite prouver, à qui veut l’entendre, que ce succès ne doit rien au hasard. En 1990, celui qui est considéré comme un demi- Dieu du cinéma Français avec ses 9,2 millions d’entrées pour « Le Grand Bleu », se consacre à l’écriture du scénario de Nikita qui est dans un coin de sa tête depuis un moment. Il propose le rôle principal à celle qui partage sa vie, Anne Parillaud.
« J’ai signé avec le Gaumont sur le seul titre de Nikita. Je ne leur ai donné à lire le scénario que quatre mois plus tard ». C’est alors qu’il se rend à Los Angeles en avion, la chanson Nikita d’Elton John dans les oreilles, que se trame le scénario. Celui d’une femme luttant pour sa survie. En un mois et demi d’une écriture ardente, les bases du scénario sont couchées sur le papier. C’est la première fois que Luc Besson rédige seul un script.
A l’orée de l’année 1990, le public Français des salles de cinéma, découvre la bande annonce du film qui se présente ainsi. « Dans dix secondes, vous allez voir le prochain film de Luc Besson ». Le décompte apparaît à l’écran, avant que 25 plans de Nikita ne défilent. Rapidement suivis de l’inscription « La version longue, c’est pour le 21 février ».
Après lecture du script, Anne Parillaud émet quelques craintes quant à sa capacité à jouer ce rôle, elle ne se sent pas à la hauteur et propose, de ce fait, à Luc Besson de préparer en parallèle une autre actrice.
Malgré les réticences de cette dernière, Besson lance le casting. Tchéky karyo sera le mentor de Nikita, et Jean Hugues Anglade son petit ami. C’est alors que débute pour Anne Parillaud un entraînement digne d’une préparation militaire. Maniement des armes à feu, arts martiaux, elle prend des cours de théâtre, de savoir- vivre…
Afin de modeler la comédienne à son personnage, le metteur en scène va jusqu’à lui demander de se mettre en marge de la société pour lui faire prendre ses repères. « J’ai vécu pendant un mois et demi totalement isolée et abandonnée de tout le monde dans une usine désaffectée, on me donnait cinq francs par jour pour vivre. Je n’avais pas le droit de me laver ou d’écouter de la musique. Je n’avais le droit de voir personne. Je pouvais sortir mais je portais en permanence la perruque et le costume de Nikita. La déchéance d’un individu, ça va très vite, je ne me souvenais même plus que c’était pour un film ».
L’actrice décrit une expérience violente mais essentielle pour réellement plonger dans l’univers du film.
Le tournage débute le 13 Février 1989, le cinéaste est sous tension. Il arrive très tôt le matin et ne prend que 5 minutes pour déjeuner, le Thé et le Coca sont ses alliés. « Je crois que je suis assez chiant sur un plateau. J’ai été très, très dur avec tout le monde ».
La réalisation a été semée d’embûches, l’argent commence à manquer. Luc Besson se casse une jambe dans un accident de mobylette. L’acteur Jean Bouise qui joue l’attaché de l’ambassade dans le film, décède le 6 Juillet 1989 d’un cancer.
Le film, nommé neuf fois aux César de 1991, couronne Anne Parillaud, César de la meilleure actrice. En larmes, elle dédie cette récompense à son réalisateur et compagnon qui a bien du mal à contenir son émotion.