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Critique : Partir un jour – une comédie romantique qui chante juste

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Ouvrir le Festival de Cannes avec une comédie romantico-musicale à base de 2Be3, de patates chantantes et de souvenirs de province ? Un choix aussi surprenant que de servir du vin rouge avec un homard, et pourtant, ça fonctionne. Partir un jour, c’est le premier long-métrage d’Amélie Bonnin, et spoiler : elle n’a pas froid aux cordes vocales.

Adapté d’un court-métrage césarisé (preuve qu’il y avait déjà un micro dans la soupe), le film suit Cécile, gagnante de Top Chef (on y croit à fond), contrainte de rentrer chez papa-maman dans un coin de France où la gastronomie s’arrête à la macédoine en boîte. Et comme tout bon retour aux sources, elle y retrouve Raphaël, ex garagiste au look de surfeur échoué, qui, lui, n’a jamais quitté le coin. L’amour est peut-être parti un jour… mais il avait laissé ses playlists.

Entre une grossesse secrète, une ouverture de resto ratée et des patins à glace façon Femme Like U, Amélie Bonnin réussit l’impossible : transformer un boys band des années 2000 en pur moment de cinéma. Oui, on fredonne « Donne-moi ton cœur baby, ton corps baby » en pleine scène de rupture, et non, ce n’est pas gênant. C’est même étrangement beau.

Juliette Armanet, en cheffe culinaire de l’émotion, fait fondre l’écran comme un beurre demi-sel dans une poêle chaude. Bastien Bouillon, blond peroxydé, nous prouve qu’il peut jouer les coeurs tendres sans friser le ridicule. Mention spéciale à François Rollin qui chante Dalida en épluchant des patates : une scène qui mérite un César… ou au moins une standing ovation dans un Intermarché.

Visuellement, le film a la tendresse d’un polaroïd retrouvé dans une boîte à chaussures. Et question ambiance, on flotte entre Un air de famille, On connaît la chanson, et Top Chef : la revanche des terroirs. Ça pourrait être kitsch, c’est souvent touchant. Et puis franchement, qui oserait snober un film où K-Maro est chanté à la patinoire ?

Alors oui, certains dialogues sonnent comme des refrains trop entendus, et l’intrigue ne révolutionne pas le schéma amoureux… mais à l’heure où le monde part en cacahuète, un peu de tendresse, une touche de nostalgie et du Chilly Gonzales sur du 2Be3, ça ne se refuse pas.

🎟️Note : 4/5

Un film doux comme une madeleine… trempée dans un bol de café à la cantine de l’enfance. Bonus : vous sortirez en fredonnant « Cécile, ma fille » ET en ayant envie de rappeler votre ex. Ou votre père. Ou les deux.