« Teddy », des loups-garous et des frissons

Après « Willy 1er » en 2016, Ludovic et Zoran Boukherma nous proposent avec « Teddy », un film de genre prenant et touchant, dans la lignée de « Grave » de Julia Ducournau.

Dans les Pyrénées, un loup attise la colère des villageois. Teddy, 19 ans, est un jeune adulte qui a arrêté ses études au collège et travaille la nuit dans un salon de massage tenu par Ghislaine (Noémie Lvovsky) qui incarne une patronne libidineuse. Il vit avec le taiseux Pépin le Bref, son oncle adoptif qui lui sert de Père. Rebecca, sa petite amie, passe bientôt son Bac et est promise à un avenir radieux. Un été tout à fait ordinaire s’offre à eux, jusqu’au jour où…. Un soir de pleine Lune, Teddy est griffé par une bête inconnue. Les semaines suivantes, il est pris de curieuses pulsions animales….

« Teddy » marche sur les pas de « Grave », le film de Julia Ducournau, qui avait su séduire aussi bien Cannes que Gérardmer. Les films de genre français parvenant à s’exprimer dans les plus grands Festivals, ne sont pourtant pas légion.

Sélectionné pour figurer sur la Croisette avant l’annulation du Festival, le film s’est malgré tout vu décerner en remplacement le Label « Cannes 2020 ». Il a également reçu un accueil chaleureux à son passage à Deauville où il a été ovationné. De quoi augmenter l’agitation, déjà bien présente, autour de ce film de loup-garou made in France.

« Ce qui nous intéressait, c’était le parallèle entre l’animal, le loup, qui peut être perçu comme la bête noire dans les villages, et le personnage de Teddy, qui est exclu, pas aimé là où il habite » déclare à son sujet, Zoran Boukherma.

Le tournage a eu lieu à l’été 2019 dans les Pyrénées Orientales, une région où la présence du loup est avérée et qui donne régulièrement lieu à des débats concernant la situation du loup en France.

Ce long métrage, mélange de fantastique, comédie et drame évoque la marginalisation de certains individus du fait de l’exclusion. « La figure du loup-garou s’y prêtait bien. C’est un personnage dont la colère grandit à mesure que son sentiment d’exclusion devient de plus en plus total » ajoutent les réalisateurs.

Teddy incarne le mythe du loup-garou mais pas seulement. C’est également une critique sociale, où les rejetés du système n’ont guère leur place. Une fresque burlesque et pesante au cœur d’un petit village pyrénéen typique entouré de forêts, animé des traditionnelles cérémonies administratives et des fêtes entre amis dans une atmosphère de folie et de tendresse.

Le film qui aborde les thématiques de la jeunesse et de l’exclusion scolaire ou sociale, bascule ensuite dans la violence, au gré des humiliations, des tentatives d’intimidation, de la toxicité des groupes de potes, du mépris, du dépit amoureux, Teddy adopte alors une attitude bestiale et animale faisant de lui le fugitif de tout un village. On découvre désormais le côté horrifique du film, le loup-garou prend peu à peu corps par l’apparition d’un poil dans un œil ou sur la langue, jusqu’au dépérissement d’un ongle. Cette mutation s’opère au gré de tressaillements d’une colère qui gronde, d’une rage incontrôlable, par la montée progressive d’un mépris social et d’une exclusion unanime autour de Teddy. C’est alors qu’apparaît le monstre.

Ce film possède tous les atouts pour devenir un film culte. Un mélange d’hémoglobine et d’humour, une mise en scène plus que correcte, un côté horrifique mais pas trop, un loup-garou incarné par un adolescent marginal et rebelle, superbement interprété par Anthony Barjon.