Un film, une histoire : Un monde sans pitié

« Un monde sans pitié » est un film réalisé par Eric Rochant qui est sorti en 1989. Les acteurs principaux se nomment, Hippolyte Girardot, Mireille Perrier et Yvan Attal. Le film évoque une histoire d’amour de jeunesse entre Hippo, un glandeur professionnel et résigné, et la charmante Nathalie, qui trouve dans le travail, un refuge à sa frustration affective. Avec d’un côté les jeunes qui bossent, et de l’autre ceux qui glandent.

Synopsis : Hippo, trentenaire désabusé, est un jeune romantique, dandy, insoumis qui traine sa longue silhouette de glandeur et son mal de vivre dans le Quartier Latin à Paris. Il se fait entretenir par son jeune frère Lycéen, qui vit de petits trafics de haschich. Il croise un soir, la douce et mélancolique Nathalie Rozen, étudiante à l’école normale supérieure, qui représente sa parfaite antithèse, il tombe sous le charme et se retrouve soudain le cœur battant, à guetter un appel de celle qui devient sa raison de vivre. Lui le charmeur culotté, spécialiste des faux bonds inopinés qu’il inflige régulièrement à ses nombreuses fiancées. Même son ami Halpern, jeune anar débraillé, s’étonne de voir son complice dans un tel état. Hippo accepte l’ultimatum posé par Nathalie : se dire adieu ou la suivre à Boston où une bourse va lui permettre d’étudier. Mais hélas, un malencontreux contrôle routier, l’empêche d’être au rendez-vous. Il est malgré tout présent, un an plus tard à l’aéroport, pour accueillir Nathalie à son retour des USA.

La réalisation a donné lieu à des répliques ou dialogues cultes, comme lorsque qu’ Hippo est contrôlé par les gendarmes et qu’il doit sortir de sa voiture par la porte arrière de sa vieille Peugeot 404, sa porte avant étant bloquée.
« J’en ais ras le cul de me faire arrêter. J’ai pas de travail, j’ai pas de maison, j’ai une bagnole pourrie. Regardez la porte, là, elle s’ouvre pas la porte, j’suis obligé de passer par derrière comme un con, putain. J’ me fais arrêter toutes les 10 minutes. Mais merde, c’est pas nous les bandits. Nous on est des nuls, putain. Laissez-nous tranquille 5 minutes. On en chie assez comme ça, putain de merde ! ».

Le Film fait suite à une longue épopée démarrée en Mai 1988, lorsque deux jeunes producteurs, Alain Rocca et Adeline Lécaillier, spécialisés dans les courts-métrages, sont en quête de financements pour un projet ambitieux d’Eric Rochant. Une histoire qui évoquerait la vie de Filles et de Garçons de leur âge, de leur milieu, de leurs doutes…. Leur jeune société de production, Lazennec, envisage d’aider de nouveaux cinéastes à émerger. Cela passe par le court-métrage, et les deux producteurs assistent ainsi quelques futurs noms célèbres dont fait parti Eric Rochant.

Après un court-métrage, Rochant leur propose alors (Un Monde sans Pitié). Les deux producteurs sont conquis par l’histoire, et décident de lancer le tournage malgré un budget encore loin d’être bouclé. Rocca parvient péniblement à réunir 200 000 Francs. UGC, Gaumont, Pathé, les grosses firmes, ne croient pas au potentiel de cette histoire de glandeurs Parisiens, qui plus est, avec un casting composé d’acteurs inconnus. Rocca toujours à la recherche d’argent, ment à sa banquière pour gagner du temps. Mais cette dernière alors en vacances en Grèce, prévenue de la situation, coupe immédiatement les vivres. Les chèques sans provision sont légion, ce qui incite les techniciens à faire grève, le jour où l’équipe doit tourner une séquence au jardin du Luxembourg. Ils ne reprendront leur boulot que lorsque leurs salaires seront versés. A la suite d’âpres négociations, l’équipe vote à une voix près, pour la reprise du tournage, mais seulement jusqu’à la fin de la semaine dans un premier temps. Après, il faudra voir.

Les vacances d’été pendant quelques semaines, permettent à Alain Rocca de démarcher désespérément les financiers du cinéma Français. Le petit miracle se produira la veille de Noël, René Bonnell, le patron du cinéma de Canal + convaincu par le producteur, alignera 500 000 francs, qui contribueront au paiement des salaires en retard de l’équipe. Lazennec parvient, quelque temps plus tard, à séduire UGC qui investit 300 000 francs dans le projet.

L’affaire prend une trajectoire différente et le tournage se finit dans une ambiance bon enfant, ainsi que le montage. Ce premier Film d’Eric Rochant, reste néanmoins marginal aux yeux de tous les décideurs ce qui oblige Adeline Lécailler, seule contre tous, à présenter elle-même le long-métrage à la Mostra de Venise. Elle invite deux sélectionneurs Italiens à découvrir le Film, un choix qui se révélera judicieux, puisque (Un Monde sans Pitié) revient de la Sérénissime avec le prix Fipresci et une confiance gonflée à bloc.

Le Film est un carton, et la Presse est emballée. Il dépassera le million d’entrées et restera un An à l’affiche du Cinéma Le Triomphe, sur les Champs Elysées. Il obtient dans la foulée le prix Louis-Delluc et fait sensation aux César, en Février 1990, en recevant deux des cinq statuettes possibles. « Un Culte est né ».