Durant les années 1930-40, les figurants, appelés « extras » ou « background actors », devaient se présenter, à la porte des studios d’Hollywood, chaque matin en espérant être embauchés, selon les besoins des tournages … à la condition d’être syndiqué.
La production américaine était alors prolifique entre les superproductions et les films de seconde zone tournés à la chaîne, comme les westerns ou les polars. Les besoins en figurants étaient considérables.
Les effets numériques n’ayant pas encore été inventés, une scène de foule de 1 000 personnes nécessitait bien l’embauche de 1 000 figurants pour l’occasion.
Les scènes de figurants les plus célèbres
La course de chars emblématique de Ben Hur (1959) de William Wyler a rassemblé 1 500 figurants jouant des spectateurs enthousiastes, dans les gradins. Dans son remake de 2016 réalisé par Timur Bekmambetov, 4 000 figurants furent recrutés et dupliqués numériquement pour une scène censée montrer 100 000 spectateurs.
Le record est détenu par la scène de l’enterrement de Gandhi (1982) de Richard Attenborough, qui rassemble environ 300 000 figurants, la plupart bénévoles. La production avait lancé des appels , dans la presse indienne pour réunir une immense foule. Ne pouvant rémunérer tous les figurants, elle proposa de faire des dons à des écoles, des hôpitaux ou des associations.
Environ 400 000 personnes se présentèrent, malgré une grève des bus, pour ce tournage d’anthologie le 30 janvier 1981, jour anniversaire de la mort de Gandhi.
Sachant qu’il serait impossible d’arrêter une telle procession lorsque le tournage de la scène serait lancé, 11 équipes de caméras furent placées, sur le parcours, pour la couvrir le mieux possible. Malgré tout, plusieurs plans furent rendus inutilisables par des enfants sautant ou faisant des grimaces devant certaines caméras. Près de 7 000 mètres de pellicule furent utilisés pour une scène finale durant un peu plus de 2 minutes.
Des armées de figurants partent en guerre
La plus grande bataille tournée est celle de Borodino, dans Guerre et paix-Première partie (1966) de Sergueï Bondartchouk, qui vit l’affrontement de 120 000 figurants. Bondartchouk récidiva, dans Waterloo (1970), avec les manoeuvres de 20 000 soldats mobilisés, dans les rangs de l’Armée rouge.
1 000 figurants participèrent, à la séquence du Débarquement, dont 30 personnes amputées pour jouer des soldats grièvement blessés, dans Il faut sauver le soldat Ryan (1998) de Steven Spielberg.
Plus récemment, pour la trilogie « Le seigneur des anneaux » (2001-2003) de Peter Jackson, furent employés un total de 20 600 figurants.
Désormais, les effets numériques permettent de reproduire des scènes de foule en filmant quelques centaines de figurants, qui sont ensuite dupliquées, comme dans « Titanic » (1997) de James Cameron.
Des figurants devenus stars
Certains figurant sont devenus célèbres comme Clint Eastwood, qui débuta dans « La revanche de la créature » (1955) de Jack Arnold, ainsi que Sylvester Stallone dans « Bananas » (1971) de Woody Allen ou encore Coluche, dans « Peau d’âne » (1970) de Jacques Demy.
@F .Ribaudo