Les films du patrimoine : « Les galettes de Pont-Aven »
« Les Galettes de Pont-Aven » est un film Français réalisé par le cinéaste et romancier Joël Séria et sorti en 1975. Cette peinture provinciale et anar, raconte l’histoire d’un type en mal d’amour. Jean Pierre Marielle réalisera à cette occasion, son plus beau rôle au cinéma. Dans les années 70, le vent de la révolution sexuelle souffle sur la France. Cette comédie post-soixante-huitarde s’inscrit dans la lignée des Valseuses de Bertrand Blier, sorti quelques mois plus tôt.
Joël Séria enthousiasmé par sa rencontre avec Jean Pierre Marielle sur le tournage de Charlie et ses deux Nénettes (qui joue un forain dans Charlie) décide de lui confier le rôle principal, celui d’Henri Sernin, un représentant en parapluies qui s’ennuie dans ses tribulations de petit VRP.
Ce film qui s’intitulera longtemps l’oie blanche, avant de devenir Les Galettes de Pont-Aven, dont le sujet est encore vague, est donc proposé à Marielle, ce dernier qui accorde une confiance aveugle au cinéaste, accepte immédiatement. « Il était au courant de tout dès le début, mais je ne lui avais rien dit du personnage ni du scénario. Quand il l’a lu, il n’y a eu aucun problème, alors que plein d’acteurs auraient refusé. C’était l’un des seuls acteurs Français à avoir la couleur et la cocasserie des Italiens comme Gassman ou Manfredi. En plus, il respectait le texte au mot près. » déclarait Séria au sujet de Jean Pierre Marielle.
Séria peaufine son script et fait du personnage principal un représentant de commerce. Pour trouver l’inspiration, il s’isole en compagnie de sa muse-actrice Jeanne Goupil, dans une petite chaumière à Riec-sur-Belon, près de Pont-Aven dans le Finistère. « Et tout d’un coup, en m’immergeant dans l’histoire de l’école de Pont-Aven, comme mon personnage était peintre du dimanche, j’ai décidé de relier les deux. C’est là que j’ai fini le scénario. »
Rapidement, les problèmes de financement arrivent. Yves-Rousset-Rouard, le producteur d’Emmanuelle, dans un premier temps séduit par le sujet, mais conscient du risque qu’il représente, refuse de lui donner la garantie de bonne fin. Séria décide alors de monter sa propre société de production mais s’endette. Marielle met la main à la poche pour soutenir le projet et fait bénéficier le réalisateur de son vaste réseau. C’est par ce biais que Séria va rencontrer Belmondo qui le met en relation avec Pierre Edeline, homme fort d’UGC, qui acceptera de distribuer le film.
Le script est désormais terminé : Henri Serin est un représentant en parapluies qui passe de villes en villes. Il mène une vie tranquille entre son travail, sa famille et sa peinture. Au cours de ses nombreux déplacements professionnels, il s’octroie quelques frasques amoureuses qui le changent de son quotidien lassant dans lequel sa femme puritaine l’enferme. Un beau jour, il décide de tout plaquer pour réaliser son rêve le plus cher, devenir peintre, et vivre d’amour et d’eau fraiche en laissant libre cours à ses sens dans une petite région de Bretagne.
Le tournage au casting impressionnant, se déroule dans la joie et la bonne humeur. Claude Piéplu joue un Pèlerin imbibé de religion, Andréa Ferréol une commerçante qui rêve de devenir mannequin et Dominique Lavanant est une prostituée qui se costume en Bretonne de calendrier pour faire fantasmer ses clients….
A sa sortie, le public répond présent et le film dépassera le million d’entrées. Certains spectateurs se reconnaitront dans ce fantasme du Français moyen qui décide de tirer un trait sur son passé pour aller jusqu’au bout de son rêve.
La collaboration cinématographique entre Joël Séria et Jean Pierre Marielle continuera au-delà de ce film, les deux compères se retrouveront dix ans plus tard pour Les Deux Crocodiles.
Le rôle de Henri Serin, sied à merveille à Jean Pierre Marielle, lui l’épicurien, imprévisible, impulsif passionné par son métier de comédien. Après le conservatoire, Marielle va devenir célèbre avec quelques films mêlant cynisme et truculence, tels Sex-shop de Claude Berri où bien La Valise de Georges Lautner. Il devient ainsi l’incarnation d’une certaine Gauloiserie, mais c’est bien son association avec Séria qui constituera l’apogée de sa carrière au cinéma.