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Nosferatu : La nouvelle vision gothique de Robert Eggers

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Robert Eggers, le réalisateur visionnaire derrière « The Witch », « The Lighthouse » et « The Northman », nous revient avec une réinterprétation ambitieuse du mythe vampirique. « Nosferatu« , son quatrième long-métrage, promet une plongée ensorcelante dans un univers gothique où l’obsession et l’horreur se mêlent avec élégance.

L’histoire suit une jeune femme hantée (Lily-Rose Depp) et sa relation troublante avec un vampire terrifiant, incarné par un Bill Skarsgård méconnaissable. Dans ce conte gothique, Eggers déploie tout son talent pour créer une atmosphère envoûtante : rues enneigées, calèches tirées par des chevaux, château sinistre perché sur la montagne… Chaque détail visuel transpire l’authenticité historique.

La distribution est remarquable. Nicholas Hoult, qui enchaîne ici son troisième rôle marquant de l’année après « Juror No. 2 » et « The Order », livre une performance saisissante, notamment dans une scène de terreur face à Skarsgård qui restera dans les annales. Willem Dafoe apporte son charisme habituel en chercheur de l’occulte, tandis qu’Aaron Taylor-Johnson incarne avec conviction un mari désemparé face à la mystérieuse maladie de sa femme.

Mais c’est Lily-Rose Depp qui vole la vedette dans le rôle d’Ellen Hutter. L’actrice livre ici sa meilleure performance à ce jour, jonglant avec brio entre convulsions physiques intenses, scènes d’amour viscérales et breakdowns émotionnels. Elle parvient à incarner simultanément la folie, l’obsession et la normalité, guidant le spectateur à travers ce voyage perturbant.

Plus qu’un simple film d’horreur, « Nosferatu » se présente comme un dark fantasy où l’effroi ne réside pas tant dans les jumpscares que dans l’exploration psychologique de ses personnages. L’aspect le plus dérangeant du film est peut-être la façon dont Ellen oscille entre son amour pour son mari et cette attraction inexplicable vers le Comte Orlock, une tension que Depp rend palpable à chaque scène.

Le style unique d’Eggers se retrouve dans chaque aspect du film : des dialogues minutieusement écrits aux mouvements de caméra élaborés, en passant par une attention maniaque aux détails historiques. Bien que moins effrayant que ses œuvres précédentes, « Nosferatu » compense par sa beauté visuelle époustouflante et quelques scènes sanglantes mémorables.

Si ce n’est peut-être pas le meilleur film d’Eggers, « Nosferatu » reste une œuvre ambitieuse qui mérite d’être vue sur grand écran. Dans un paysage cinématographique souvent formaté, ce type de vision artistique audacieuse à gros budget est suffisamment rare pour être célébré.