Un film, une histoire : Scarface

SCARFACE, est un film de gangsters Américains réalisé par Brian de Palma, sorti en salles aux Etats-Unis en Décembre 1983. Si Scarface est devenu un des films les plus populaires de Brian de Palma, cela n’a pas toujours été le cas. Ce film est un remake de film du même nom réalisé en 1932 par Howard Hawks. Dans un premier temps controversé en raison de la violence excessive, des jurons et de la consommation de drogue montrés dans le film, les critiques ont réévalué leur avis et un certain nombre le considèrent comme l’un des meilleurs films du genre policier.

Le réalisateur, longtemps considéré comme un cinéaste sous influence d’Hitchcock, coincé dans la case Horreur et Suspense, va, par ce remake, accéder à la catégorie des metteurs en scène cultes. Quand Al Pacino s’est intéressé à ce remake de la version de 1932, le producteur Martin Bregman et lui ont commencé à développer le projet. Le réalisateur Sidney Lumet a été initialement embauché pour diriger le film, mais fut remplacé par De Palma qui engagea Oliver Stone pour écrire le scénario.

« J’entendais parler de Scarface depuis longtemps. C’était un modèle pour tous les films de gangsters. Brecht s’intéressait beaucoup au cinéma de genre et à l’époque où l’on travaillait sur sa pièce, on regardait des vieux films des années 1930 pour trouver le ton juste. On essayait en particulier de mettre la main sur Scarface, mais c’était impossible » déclare Al Pacino.

La première version de Hawks, possédait une réputation sulfureuse, victime de la censure durant plusieurs années, le film fascine néanmoins les jeunes artistes de l’époque et Pacino en premier. Lorsqu’ il finit enfin par le voir bien des années plus tard, subjugué, l’acteur appelle son ancien manager et producteur Martin Bregman et lui propose d’en faire un remake, ce que le producteur accepte spontanément. Il y a un sujet, une star, reste à trouver un réalisateur….

Sidney Lumet qui a signé les deux plus grands succès de Pacino : Serpico et Un Après-Midi de Chien, est tout de suite envisagé. Lumet est séduit par le projet et c’est lui qui a l’idée de faire de Scarface un gangster Cubain, immigré clandestin et dealer de drogue. Au début des années 1980, Jimmy Carter a ouvert la Floride aux réfugiés du régime castriste et, depuis, les Etats-Unis assistent impuissants à la recrudescence des cartels de drogue. Cet état de fait favoriserait une modernisation de Scarface imagine alors Lumet. Bregman à la recherche d’un scénariste, se tourne alors vers Oliver Stone, mais ce dernier qui lutte contre son accoutumance à la drogue répond négativement à plusieurs reprises. Mais à l’occasion d’une discussion avec Sidney Lumet, ce dernier le convainc.

Dans un premier temps, ravi du réalisateur, Lumet devient réticent et désapprouve certains détails sentimentaux dans le scénario, lui qui aspire à ajouter une dimension politique au film, qui laisserait supposer d’une éventuelle implication de la CIA dans le trafic de drogue. Fidèle à sa croisade anticommuniste, Il finit par quitter l’aventure.

À la suite de cette démission, Bregman approche alors De Palma, ce dernier qui à l’époque cherche à redorer son blason en raison de l’échec cuisant de son dernier film Blow Out, et de son identification par la presse critique, à un cinéaste sans idées et abonné au genre, accepte bientôt.

Stone s’est quant à lui installé à Paris pour finaliser le scénario, et le résultat est parfait. De Palma se délecte avec émerveillement des quatre séquences anthologiques qui feraient rêver n’importe quel réalisateur (la scène du massacre à la tronçonneuse, celle de la discothèque, la tentative d’assassinat à la bombe et le final, épique). Le tournage durera vingt-quatre semaines entre Louisville et Los Angelès.

Lors de la projection du film à la commission de classification, les problèmes commencent. Les scènes de violence, la vulgarité, et le gêne crée par la première scène de massacre obligent le jury à le classer X. Cinq fois de suite. Suite à un appel de De Palma le film est finalement interdit aux moins de 17 ans, mais Scarface reste durement critiqué par la presse. Il va malgré tout atteindre les sommets du box-office et récolter en France quelques 770 544 entrées.